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Consolidations : Une voie avec une issue ?


Quand j’étais à l’école on nous expliquait la génétique en prenant pour exemple les drosophiles (nom savant pour de banales mouches). L’avantage de ces petites bêtes était leur capacité à accélérer le temps grâce à leur reproduction effrénée.


En fait, l’informatique ressemble un peu au monde des drosophiles;  nous avons aussi une propension à faire en sorte que les choses aillent vite et du coup on ne s’y ennuie pas. 
Ce qui est vrai un jour devient faux le lendemain, ce qui est sûr devient incertain.

Nous venons de vivre coup sur coup trois méga rachats : celui de Linkedin par Microsoft, puis celui de Samsung Print par HP et enfin celui d’Avnet TS par Tech Data. Waouh !Ce ne sont plus des pavés dans une marre mais carrément de gros météorites.

La stratégie sous-jacente de ces mégafusions est, bien entendu,  une économie d’échelle, basée sur un schéma qui remonte à la nuit des temps : plus on est gros, plus on est fort, avec un certain nombre de déclinaisons comme le « Too big to fail », « Vaut mieux faire envie que pitié » etc.

Ce schéma remonte à la nuit des temps, et correspond à une donnée biologique qui s’appelle le principe de la puissance maximale.

Le principe de puissance maximale (Maximum Power Principal) stipule que les systèmes biologiques s’organisent pour augmenter la puissance à chaque fois que les contraintes du système le permettent. Le MPP a le potentiel d'expliquer une variété de modèles écologiques car, en ce qui concerne la puissance biologique, les espèces gagnantes sont celles ayant acquis la plus grande puissance. Conséquences : les hommes veulent être riches, les entreprises grosses, les états dominants etc.

Ce principe a, bien entendu, ses limites. Pour les humains, quand le pouvoir est trop concentré et que le bien commun s’en trouve altéré, la somme des pouvoirs individuels tend à renverser la situation (ex : les révolutions). 

En économie, une trop forte concentration peut finir par tuer l’innovation. Par exemple, aux Etats Unis les lois Sherman Antitrust Act et Clayton Antitrust Act ont été mises en place pour réglementer les trop fortes concentrations et pour essayer d’éviter ce problème. Le souci dans une économie mondialisée est que ces lois sont devenues inapplicables; la position dominante dans un pays n’est plus vraie à l’échelle mondiale, or les pays eux mêmes sont en concurrence et leurs entreprises sont leurs vaisseaux amiraux. On s’assoit donc sur le concept de position dominante au niveau local pour préserver la force de son champion à l’international. Il y a donc aujourd’hui un contexte qui favorise à l’échelle nationale des situations de monopole.

L’autre point qui milite vers une tendance à la consolidation est que la concentration financière appelle la concentration industrielle. Les états étant endettés comme jamais en période de paie et les prélèvements ayant atteint la limite haute de la courbe de Laffer (trop d’impôt tue l’impôt), les obligations d’état vont tôt ou tard être regardées avec méfiance. Les acteurs disposant de fonds financier importants se tournent de plus en plus vers les obligations d’entreprises. Cet afflux financier, favorisé par l’argent facile des banques centrales, tend à se diriger bien entendu vers des entreprises solides… donc grandes. Sanofi (groupe pharmaceutique) s’est financé en septembre à un taux négatif. Cet argent facile va encore alimenter la course à la taille.

Donc le système dans son ensemble contribue à cet emballement à la taille qui n’a plus aujourd’hui aucun garde-fou.

​Maintenant, que nous apprend l’histoire ?

Tout d’abord que la nature a horreur de deux choses : du vide et des déséquilibres, mais aussi que face à l’exceptionnel la taille, la force et la puissance ne sont pas systématiquement des atouts (fin de l’empire britannique, fin des dinosaures, le Titanique…).

S’il y a donc de bonnes chances que la tendance actuelle perdure un temps, la mondialisation a ouvert une période de rééquilibrage mondial qui a encore du chemin. L’Asie en est à mi-chemin, l’Afrique n’a pas encore démarré. On a de la marge…sauf… sauf si un évènement extraordinaire arrive. Un genre de météorite financière un peu comme la crise des subprimes mais grandeur fois 10.

Les liquidités mondiales représentent près de 30 % du PIB mondial, soit environ 20 000 milliards de dollars, contre 6 % à la fin des années 90. On est rentré dans un monde où le risque ne se rémunère plus et l’argent coule à flot. Un peu comme un alcoolique à qui on continuerait à donner de l’alcool pour qu’il ne se rende pas compte qu’il est alcoolique.
Aujourd’hui, beaucoup de consolidations se font sans forcément de condition de création de valeur, mais plus par opportunité financière ou à cause de contraintes de rentabilité. Ces concentrations, qui partent d’une logique financière, risquent d’être bien fragiles et mal adaptées dans une période de volatilité économique forte. Toute la force financière ne remplace pas une grande agilité et une stratégie business claire.

Alors les rachats de LinkedIn par Microsoft, Avnet par Tech Data ou Samsung par HP sont-ils de bonnes choses ? Pour le marché à court terme probablement pas, pour ses acteurs, tout dépend si on est proie ou prédateur, et pour les prédateurs… l’avenir le dira. Si l’achat de LinkedIn par Microsoft est un achat offensif, les deux autres sont défensifs. LinkedIn permettra probablement une création de richesse à Microsoft. HP et Tech Data gagneront en taille mais gagneront-ils en agilité ? Après la grande météorite au Crétacé, seuls les petits mammifères s’en sont sortis car la grande taille était devenue un handicap.

Par Jack Mandard PDG compuBase

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